C'est bien connu, les deux séjours d'été ont toujours eu une tenue, des pratiques d'animation et des équipes bien différentes. On peut même aller jusqu'à dire qu'il y eut une certaine rivalité due à l'invisible frontière culturelle séparant les "juilletistes" des "aoûtiens" ..
Les différences ..
Jusqu'à l'été 1975 les séjours ne sont pas mixtes : juillet pour les garçons et août, donc, pour les filles.
Au séjour de juillet revenait le soin d'ouvrir la colo, de fouler l'herbe encore verte du terrain de foot, d'étrenner les chemins de randonnée en début de saison. La nature y est aussi objectivement plus belle, plus fleurie. Les torrents ont encore du débit et les neiges éternelles n'ont pas totalement disparu à 2000 mètres d'altitude.
Le séjour d'août s'installe sur un camp aux installations déjà foulées par le piétinement de trois semaines de vacances. Il fait plus chaud, les journées sont déjà nettement plus courtes, on s'achemine vers la fin de l'été, des vacances, vers la rentrée. Il faudra aussi au départ nettoyer les deux mois d'occupation, ranger le matériel, remiser à l'abri toute la literie des marabouts.
En juillet, la présence religieuse était plus affirmée et moins moderne. La messe du dimanche était encore un incontournable du planning des groupes jusqu'au milieu des années 1980. Lors des veillées, elle s'illustrait souvent par un chant issu du répertoire des aumôneries ou du catéchisme. En août, c'était peu être un peu plus œcuménique : une messe ne pouvait bloquer d'autres activités. Les animations (veillées, jeux, sorties) étaient plus décomplexées, on assumait de s'amuser sans autre but .. Pour reprendre les stéréotypes sociaux du film "La vie est un long fleuve tranquille" peut-être avions nous en juillet plus de "Le Quesnoy" que de "Groseille", l'inverse en août ? (pour ceux à qui cette image ne parle pas, voir https://fr.wikipedia.org/wiki/La_vie_est_un_long_fleuve_tranquille). Dès la fin des années 80, ces différences se sont par contre atténuées.
L'animation s'est affirmée aussi avec des différences entre les deux séjours. En juillet, c'était plus de traditionnel, dans la lignée des colonies de vacances des années 60. On était dans l'idée de donner un cadre de journée régulier, plutôt strict, d'éduquer à la vie en groupe, plutôt que d'ouvrir à des activités nouvelles et d'innover. En août, le fonctionnement "à la carte" des activités dès le milieu des années 80 a renouvelé l'animation, avec moins de "garderie" et plus de professionnalisme.
Passer d'un séjour à l'autre était fréquent, notamment pour les colons qui pouvaient être contraints par les vacances de leurs parents. Pendant une dizaine d'années, entre 1978 et 1988, le camp d'ados n'exista qu'au séjour de juillet, obligeant ainsi ceux qui atteignaient l'age de 14 ans à poursuivre uniquement au séjour de juillet. Nombre d'animateurs ont aussi testé les deux camps.
Juillet 1983 : l'arrivée des cars du séjour d'août ..
La jonction entre les deux séjours :
C'était rapide et avec un rituel immuable. Au séjour de juillet, la veille on cessait les activités pour ranger, nettoyer, préparer les paquetages. Le matin du départ, après petit déjeuner et toilette, les valises étaient rassemblées près de la zone de parking des cars, entre les cuisines du bâtiment principal et le pavillon du personnel. Parfois, quand il pleuvait, elles étaient stockées dans le passage abrité entre réfectoires et dortoirs. Vers 11h30, un déjeuner froid était pris en intérieur ou extérieur suivant la météo. Après ce déjeuner, suivait l'attente pendant laquelle l'ambiance de ces dernières heures était à la fête. Vers treize heures, les cars du séjour d'août faisaient leur entrée. Dès la descente des cars, c'était pour eux également le déjeuner froid avec les sandwich embarqués ce matin. Les valises étaient débarquées pendant ce temps, celles du séjour de juillet embarquées en suivant. Quelques transfuges d'un séjour à l'autre, animateurs, colons ou ados ayant changé de séjour et se connaissant, se retrouvaient brièvement. (voir également l'article sur les départs et retours). Les chauffeurs allaient se restaurer en cuisine avant de reprendre la route.
31 juillet 1986, jonction entre les deux séjours.
Moniteurs de juillet et d'août se retrouvant à la salle des animateurs (1er août 1983).
Si les animateurs de juillet gardaient encore un peu la possession de la salle des animateurs, ceux du séjour d'après ne tardaient pas à s'y rendre dès le signal de rassemblement avant d'embarquer. Vers 14 heures, les chauffeurs des cars avaient fini de déjeuner et c'était enfin le départ. La passation était faite.