Les 29 et 30 août 1987, l'association l'Abri, gestionnaire de la colonie, fêtait ses 50 ans. A cette occasion, près de 160 membres des E.F.B. (Enfants de France de Bergerac) ayant contribué à son histoire, animateurs et personnels qui s'y sont succédé, se retrouvèrent à la colonie pour une grande fête et un retour aux sources.
Cela avait été très bien préparé. Tout était propre et joliment préparé pour cette fête. Une exposition permanente de nombreuses photos des séjours avait notamment été installée dans les réfectoires. Le samedi après midi, une partie des invités se retrouvèrent déjà sur place, chacun pouvant toutefois vaquer à ses occupations. Le dimanche en matinée fut beaucoup plus cérémonieux, débutant bien évidemment par une messe célébrée par l'abbé Michel Robert.
Chants de messe de cette journée.
Suivirent les discours du maire de Bergerac, Michel Manet et de Paul Masson, le Président des E.F.B. Maurice Mouret fut honoré pour son engagement, recevant la médaille de la Jeunesse et des Sports.
Maurice Mouret recevant la médaille de la Jeunesse et des Sports.
Tout en fêtant et louant la colonie, les discours laissaient déjà entrevoir des préoccupations majeures pour l'avenir. Quels successeurs pour l'équipe de direction et de gestion quand ceux qui ont créé la colo de Saint Béat vont se retirer, prochainement ? Quelle orientation donner aux séjours quand la désaffection des colonies traditionnelles touche les plus fragiles ? Quels bénévoles pour faire fonctionner les séjours quand les religieux se font rares, que les associations peinent à garder leurs membres actifs ? Les temps allaient sans doute changer..
Le repas suivit, à l'ombre des grands frênes bordant le terrain de foot, tel un banquet de mariage, joyeux et animé.
Quelques animateurs et anciens des séjours d'été.
Nous ne savons pas si les 60 ans furent fêtés en 1997 ?. Il est probable que cette fête fut probablement la dernière à rassembler tant de fondateurs, bénévoles et animateurs à Saint Béat. L'article publié dans le journal Sud-Ouest quelques jours plus tard reprend cet évènement. Il fut rédigé par Philippe Roucheyrolle, membre des E.F.B. certes, mais ancien animateur du séjour de juillet.
Journal SUD OUEST, semaine du 1er septembre 1987, écrit par Philippe Roucheyrolle.
EFB : la colo a cinquante ans. L'association l'Abri, véritable institution pour les Bergeracois, vient de fêter un demi-siècle d'existence. Cinquante ans : l'âge d'or pour une personne où l'expérience et maturité sont intimement liées. Des aspects valables pour un être humain, mais aussi et peut-être à plus forte raison pour une association. L'Abri c'est un peu les Enfants de France de Bergerac et c'est aussi beaucoup l'Abri. Difficile de dissocier les deux quand pour le plus commun des Bergeracois, ils ont une même entité, les mêmes buts culturels, même si les moyens d'y parvenir diffèrent sans en altérer vraiment l'esprit. Prosaïquement, l'association l'Abri, c'est le village de Saint Béat dans les Pyrénées avec des camps de vacances d'été, des séjours à la neige l'hiver, ceci pour les jeunes Bergeracois particulièrement. Plus de deux cents jeunes l'été, presque autant l'hiver, on peut dan,s ces conditions imaginer le nombre de personnes qui en cinquante ans ont été amenées à fréquenter ces séjours. De 1937, date de la création par l'abbé Gallice, à 1960, l'Abri a navigué un peu partout dans le sud-ouest avant de trouver son port d'attache à Saint Béat, au pied des Pyrénées. Dirigé de tous temps par des religieux (abbés Michelet, Behague, Furlan et Blanc) et actuellement par l'abbé Michel Robert, sœur Marie-Eugène de la Miséricorde, l'Abri s'est toujours voulu le havre d'une certaine éthique culturelle, tout en respectant l'épanouissement de l'enfant. Et aucun Bergeracois ayant séjourné à Saint Béat avec son ambiance et son cadre ne peut dire aujourd'hui ne pas avoir connu une certaine forme de bonheur à l'évocation de noms comme Pic Saillant, vallée du Lys, Maupas, Venasque.. Ils étaient donc près de cent soixante le week-end dernier à avoir fait un retour aux sources, afin de fêter un cinquantenaire fier de son âge. Le président général des E.F.B., Paul Masson, évoquait d'ailleurs à cette occasion l'indéniable attrait qu'exerce l'association l'Abri : "On parle de plus en plus de déclin des "colos". Pour l'Abri, nous n'y croyons pas. La meilleure des preuve : le nombre de jeunes refusés à chaque séjour. La raison du refus de croire en ce déclin : l'Abri représente tout autre chose qu'une colonie de vacances." C'est au cours de cette fête que Maurice Mouret et son épouse, deux des figures de proue de Saint Béat ont été honorés avec la remise au trésorier de l'Abri de la médaille d'argent de la jeunesse et des sports. Le sénateur-maire de Bergerac, Michel Manet et son épouse avaient également tenu à répondre à cinquante ans d'histoire bergeracoise. Une présence dont les dirigeants de l'association l'Abri ont sans doute pris bonne note à l'heure d'évoquer le futur. Un avenir fait de question financières bien sur, mais paradoxalement aujourd'hui peut-être pas les plus primordiales. L'Abri a été bâti sur une certaine idée de la vie en communauté, on pose la question de religion, de laïcité, on évoque un certain tournant : cinquante ans, cela donne de profondes racines, l'Abri a les siennes et jusqu'à présent sur beaucoup de plans elles ont donné de bien belles fleurs. Une voie a été tracée, aussi bien spirituelle, culturelle que morale, la maintenir, c'est se garder un ballon d'oxygène pour l'avenir.